Message spécial de Jean-Michel+, frère prieur du 29 avril 2017
Chers sœurs, frères, ami(es) de notre Communion Béthanie,
Notre fraternité priante n'a pas pour vocation de prendre position lors des débats de société, ni lors des élections.
À titre d'exemple, nous sommes restés dans un silence priant lors des débats pour le « mariage pour tous » (2012-2013) en France.
Ce n'est pas pour nous une « évasion » des joies, des espoirs, des douleurs... de notre monde, c'est très simplement notre appel, c'est la note que nous souhaitons jouer !
« Donne ta note juste..., juste ta note ! »
« Rien n'est plus responsable que de prier » frère Roger de Taizé
Ceci-dit, je me permets de proposer à votre méditation « trois paroles » : une de votre serviteur, une de Monseigneur Marc Stenger, évêque de Troyes et une de la liturgie de la Pentecôte :
1. La liberté et l'égalité sont de l'ordre de la grâce, la fraternité est de l'ordre du devoir.
Pour les ami(e)s de Jésus, elle est de l'ordre de la grâce.
2. « Le 7 mai : quel bulletin de vote?
Pas celui de la peur, de la haine, du rejet, du mensonge, de l'exclusion, du repli : c'est l'opposé de l'Évangile. »
3. « Viens Esprit-Saint, en nos cœurs,
Et envoie du haut du ciel
Un rayon de ta Lumière...
Sans ta puissance divine,
Il n'est rien en aucun homme,
Rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
Baigne ce qui est aride,
Guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
Réchauffe ce qui est froid,
Rends droit ce qui est faussé... »
Comme tout le monde, je suis peuplé d'ombres (cf. mon dernier message suite à la mort violente de Xavier). Cependant, en ces jours, je redis avec force et conviction ma foi en la fraternité. Je réaffirme l'engagement de notre Communion Béthanie à servir les plus petits, les plus fragiles, dans la douceur et le respect. Sans cesse, je me rappelle que le destin de l'humanité repose au cœur des contemplatifs et..., que « ma vie est mon seul enseignement » Gandhi.
Jean-Michel+, frère prieur de la Communion Béthanie
Seigneur, apprivoise-moi
Père, en Jésus le Christ, dans l'Esprit-Saint, nous te rendons grâce pour les jeunes engagés dans l'association Coexister, les jeunes au service de la paix dans notre monde, les visages de réconciliation sur le continent africain, nos frères de Taizé, les communautés et les fraternités qui vivent une réelle proximité avec les plus pauvres et les plus fragiles, nos ami(es) du Refuge.
Humilité – douceur du Christ
Xavier, victime de la haine, sur les Champs-Élysées, notre Communion Béthanie se fait toute proche de vous.
Alors, mes ami(es), je vais être pleinement honnête avec vous, autant que faire se peut.
Je prie : « Kyrie eleison ». J'ai soif d'authenticité intérieure, de réelle fraternité.
Ferme les yeux, et entends Jésus te dire :
Père, en Jésus le Christ, dans l'Esprit-Saint, nous te rendons grâce pour les baptisés de cette fête de Pâques 2017, la fécondité spirituelle de cette année Luther, les femmes, les hommes et les jeunes engagés dans des actions humanitaires, les personnes qui luttent, partout dans le monde, pour le droit des femmes, les soignants, celles et ceux qui accompagnent les personnes en fin de vie.
Le
« Après le sabbat, le premier jour de la semaine » …
Jésus n’a rien renié de son humanité. Il est toujours cet homme humble et proche que les disciples ont connu et suivi sur les routes... Il revient vers les siens avec la même simplicité et la même douceur. Et eux le retrouvent plus vivant et plus vrai que jamais dans leur cadre familier… Loin d’en faire un être distant et mythique, un être désincarné, sa Seigneurie, son exaltation auprès du Père le rendent encore plus proche de ses frères. Et les plaies qu’il porte aux mains, aux pieds et au côté, sont les marques de notre destin de faiblesse et de souffrance, d’humiliations et de mort. Ce destin, le Seigneur ressuscité ne l’a pas rejeté. Il l’a pris au cœur du sien pour le remplir de sa lumière ».
« Choisis la vie ! » …
Ce soir-là,
Père, en Jésus le Christ, dans l'Esprit-Saint, nous te rendons grâce pour les gestes, les paroles de paix en notre monde, les personnes qui luttent pour une plus grande justice sociale, les moniales, les moines, les ermites, les priants, les croyants qui, dans toutes les religions, travaillent pour l'unité, la réconciliation.
En février 1940, un prêtre accusé d’être homosexuel est envoyé au camp de Sachsenhausen. Un témoin raconte : « Le tourment qu’on lui infligea fut particulièrement douloureux … ruisselant de sang, le visage décomposé, il regardait au loin sans bien comprendre… Il murmura ces mots : "Et pourtant, l’homme est bon, c’est une créature de Dieu" … Il priait en silence, remuant simplement les lèvres … Les SS l’attachèrent à un banc et se mirent à le frapper … J’avais le sentiment d’assister à une version moderne de la Crucifixion. A la place des soldats romains, les brutes d’Hitler et un banc au lieu de la Croix. Le lendemain matin, au terrain de parade, nous devions porter le prêtre … Le SS se jeta sur lui avec furie s’apprêtant à le frapper de nouveau : "Sale porc, dis ce que tu es !" … Mais
l’inimaginable se produisit subitement ... Du ciel assombri sortit un rayon de soleil qui vint soudain illuminer le visage tuméfié du prêtre. Il n’éclaira que lui au milieu des milliers de prisonniers assemblés ... Il régnait un silence impressionnant, et tous ceux qui étaient présents regardèrent fixement le ciel, stupéfaits de ce qui s’était passé. Le sergent lui-même interrogea quelques secondes les nuages, puis laissa retomber sa main levée et s’éloigna sans mot dire… Le prêtre baissa la tête et murmura d’une voix mourante : "Merci mon Dieu … je sais que mon heure est venue…" Le soir, à l’appel, nous le déposâmes au bout du rang avec les autres morts de la journée… »
« Jésus aussi a vécu en des temps de violence … Il a prêché inlassablement l’amour inconditionnel de Dieu qui accueille et pardonne, et il a enseigné à ses disciples à aimer ses ennemis … Jésus a tracé la voie de la non-violence, qu’il a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la croix, par laquelle il a réalisé la paix et détruit l’inimitié … C’est pourquoi, celui qui accueille la Bonne Nouvelle de Jésus sait reconnaître la violence qu’il porte en lui-même et se laisse guérir par la miséricorde de Dieu, en devenant ainsi à son tour, un instrument de réconciliation. Être aujourd’hui de vrais disciples de Jésus signifie adhérer également à sa proposition de non-violence. » Pape François.