Carême 2018, 6ème dimanche, 25 mars
Pour ce Carême 2018, ce sont des sœurs et des frères des Églises issues de la Réforme qui nous accompagnent.
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Un brin de fierté
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est devant vous : dès que vous y entrerez, vous trouverez un ânon attaché que personne n’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Et si quelqu’un vous dit : “Pourquoi faites-vous cela ?” répondez : “Le Seigneur en a besoin et il le renvoie ici tout de suite.” » Ils sont partis et ont trouvé un ânon attaché dehors près d’une porte, dans la rue. Ils le détachent. Quelques-uns de ceux qui se trouvaient là leur dirent : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Eux leur répondirent comme Jésus l’avait dit et on les laissa faire. Ils amènent l’ânon à Jésus ; ils mettent sur lui leurs vêtements et Jésus s’assit dessus. Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur la route et d’autres des feuillages qu’ils coupaient dans la campagne. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Béni soit le règne qui vient, le règne de David notre père ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Et il entra à Jérusalem dans le temple. Après avoir tout regardé autour de lui, comme c’était déjà le soir, il sortit pour se rendre à Béthanie avec les Douze.
Marc 11, 1-11 (TOB)
Le lendemain, la grande foule venue à la fête apprit que Jésus arrivait à Jérusalem ; ils prirent des branches de palmiers et sortirent à sa rencontre. Ils criaient : « Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient, le roi d’Israël. » Trouvant un ânon, Jésus s’assit dessus selon qu’il est écrit : Ne crains pas, fille de Sion : voici ton roi qui vient, il est monté sur le petit d’une ânesse. Au premier moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui arrivait, mais lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent que cela avait été écrit à son sujet, et que c’était cela même qu’on avait fait pour lui. Cependant la foule de ceux qui étaient avec lui lorsqu’il avait appelé Lazare hors du tombeau et qu’il l’avait relevé d’entre les morts, lui rendait témoignage. C’était bien, en effet, parce qu’elle avait appris qu’il avait opéré ce signe qu’elle se portait à sa rencontre. Les Pharisiens se dirent alors les uns aux autres : « Vous le voyez, vous n’arriverez à rien : voilà que le monde se met à sa suite ! »
Jean 12, 12-19
Les temps de la honte sont révolus, voilà me semble-t-il le grand enseignement de ce texte.
Dans une perspective queer, nous ne devons pas seulement lire le texte en cherchant des excuses à ce que nous sommes. Tant que nous sommes dans un monde où dominent l’hétéropatriarcat, la misogynie, l’homophobie, la transphobie, nous, personnes LGBTQI et alliées, pouvons-nous considérer comme destinataires principales de ce texte et des bonnes nouvelles qu’il contient.
Quelles bonnes nouvelles ?
1ère bonne nouvelle : Jésus connaît notre chemin : signe que Dieu nous accompagne.
« Vous trouverez… » « Si l’on vous dit… » prédit-il.
Jésus sait combien la pression sociale vise à maintenir l’aliénation. Il n’y a qu’à voir l’ânon dont on dit qu’il est « attaché » / « dehors » / « dans la rue ». On pourrait penser que cet ânon n’a aucune importance. Pourtant, la réaction de l’extérieur est surprenante : « qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » (sous-entendu : « cet ânon qui pourrait rester tranquillement là »).
2ème bonne nouvelle : On peut décourager les Pharisiens à force de persévérance.
Dans la traduction de Bayard, Jn 12, 19 est ainsi traduit : « vous voyez bien qu’on est perdants, ils s’en vont tous derrière lui ». La fierté des disciples désarme les Pharisiens.
Cette persévérance doit être nourrie d’amitié comme Jésus qui après son entrée à Jérusalem va à l’écart, à Béthanie, chez ses amis Marthe, Marie et Lazare.
3ème bonne nouvelle : Nous pouvons entrer dans la fierté révélée par Jésus.
Les disciples entrent dans Jérusalem aussi. Ils sont fiers. Ils suivent Celui qui donne toute légitimité.
Plus important encore, cette fierté n’est pas réservée aux Douze. On peut voir en Jn que tous les témoins de la sortie du tombeau (du placard ?) de Lazare savent quelle force de vie se dégage de Jésus.
4ème bonne nouvelle… question : que devient l’ânon ?
Jésus a volé l’ânon pour recevoir l’honneur qui lui était dû, et avec lui, dû à celles et ceux qui le suivent. C’est, je crois, un exemple d’auto-organisation pour nos mouvements qui balancent généralement entre deux options. Première option : la fin est dans les moyens. Deuxième option : la fin (recevoir ce qu’on mérite, la fierté) justifie les moyens (voler un âne).
Jésus a choisi.
Vous voyez bien qu’on est gagnantes, gagnants.
Allons-nous-en toutes, tous derrière Jésus.
Amen.
François Thollon-Choquet
Prédication donnée initialement au rendez-vous « Open Kulte » du 18 mars 2018 à Bruxelles.