Carême 2018, 4ème dimanche, 11 mars
Pour ce Carême 2018, ce sont des sœurs et des frères des Églises issues de la Réforme qui nous accompagnent.
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Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.
Ep 2, 4-10
On peut l'écrire plus grand, mais pas plus clair : nous sommes aimé-e-s d'un excessif grand amour, nous sommes des vivant-e-s, des gracié-e-s, des sauvé-e-s, des ressuscité-e-s, des hommes et femmes créé-e-s dans le Christ. Quelqu'un me disait l'autre jour que Carême est un temps propice pour entrer dans notre profondeur ; c'est donc un temps propice pour trouver tous ces aspects qui font partie de notre être le plus intime.
Nous pouvons recevoir de cette manière une invitation constante à accueillir ce don en nous et à consentir à l'agir de Dieu, et de ce fait Lui dire en toute humilité : « Je te loue de ce que je suis, une créature si merveilleuse » Ps 139 [138], 14. Si en ce Carême nous entrons dans cette louange et cette action de grâce pour le don et l'action de Dieu, nous pouvons alors vivre cette résurrection. Elle nous est donnée et nous sommes appelé-e-s à en être témoins et à répandre ainsi la vie autour de nous.
Et chaque jour sera une Pâque, un « passage du Seigneur ».
Manuel, frère de la Communion Béthanie
Jésus veut nous dire que le Royaume de Dieu est constitué d’hommes et de femmes qui regardent en avant, comme le laboureur regarde droit devant lui pour tracer des sillons bien alignés.
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux, et ses vêtements devinrent éblouissants, si blancs qu’aucun foulon sur terre ne saurait blanchir ainsi. Elie leur apparut avec Moïse ; ils s’entretenaient avec Jésus. Intervenant, Pierre dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie. » Il ne savait que dire car ils étaient saisis de crainte. Une nuée vint les recouvrir et il y eut une voix venant de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le ! » Aussitôt, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne d’autre que Jésus, seul avec eux. Comme ils descendaient de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. Ils observèrent cet ordre, tout en se demandant entre eux ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts ».
Ces moments extraordinaires sont là pour embellir notre vie, pour enraciner des souvenirs que nous pourrons ressortir aux heures sombres. Alors, ne nous étonnons pas de voir un aîné ou une aînée avoir sa larme à l’œil, un moment de transfiguration a resurgi de sa mémoire.
« Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas,
Le texte d’Esaïe nous donne la recette d’un jeûne qui plait au Seigneur : Hotter les jougs, appliquer la justice, donner à manger, offrir l’hospitalité, procurer le vêtement… « Bref, que nous mettions en pièces tous les jougs ! », alors la gloire de Dieu nous poussera en avant.
« L'abeille est petite parmi les êtres ailés, mais ce qu'elle produit est d'une douceur exquise »
Ainsi nous rejoindrons le cri du psalmiste quand il a touché le fond. De là, il crie vers Dieu. Et il a été entendu. Expérience troublante d'une présence à son écoute, à ses côtés : « Je t'exalte mon Dieu, tu m'as relevé. »
En février 1940, un prêtre accusé d’être homosexuel est envoyé au camp de Sachsenhausen. Un témoin raconte : « Le tourment qu’on lui infligea fut particulièrement douloureux … ruisselant de sang, le visage décomposé, il regardait au loin sans bien comprendre… Il murmura ces mots : "Et pourtant, l’homme est bon, c’est une créature de Dieu" … Il priait en silence, remuant simplement les lèvres … Les SS l’attachèrent à un banc et se mirent à le frapper … J’avais le sentiment d’assister à une version moderne de la Crucifixion. A la place des soldats romains, les brutes d’Hitler et un banc au lieu de la Croix. Le lendemain matin, au terrain de parade, nous devions porter le prêtre … Le SS se jeta sur lui avec furie s’apprêtant à le frapper de nouveau : "Sale porc, dis ce que tu es !" … Mais
l’inimaginable se produisit subitement ... Du ciel assombri sortit un rayon de soleil qui vint soudain illuminer le visage tuméfié du prêtre. Il n’éclaira que lui au milieu des milliers de prisonniers assemblés ... Il régnait un silence impressionnant, et tous ceux qui étaient présents regardèrent fixement le ciel, stupéfaits de ce qui s’était passé. Le sergent lui-même interrogea quelques secondes les nuages, puis laissa retomber sa main levée et s’éloigna sans mot dire… Le prêtre baissa la tête et murmura d’une voix mourante : "Merci mon Dieu … je sais que mon heure est venue…" Le soir, à l’appel, nous le déposâmes au bout du rang avec les autres morts de la journée… »
« Jésus aussi a vécu en des temps de violence … Il a prêché inlassablement l’amour inconditionnel de Dieu qui accueille et pardonne, et il a enseigné à ses disciples à aimer ses ennemis … Jésus a tracé la voie de la non-violence, qu’il a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la croix, par laquelle il a réalisé la paix et détruit l’inimitié … C’est pourquoi, celui qui accueille la Bonne Nouvelle de Jésus sait reconnaître la violence qu’il porte en lui-même et se laisse guérir par la miséricorde de Dieu, en devenant ainsi à son tour, un instrument de réconciliation. Être aujourd’hui de vrais disciples de Jésus signifie adhérer également à sa proposition de non-violence. » Pape François.
Quand je prie, j’aime allumer une bougie, surtout dans la nuit.
Thérèse "de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face" aime contempler le visage douloureux de son époux. « Jésus brûle d’amour pour nous. Regarde sa Face adorable ! Regarde ces yeux éteints et baissés ! Regarde ces plaies ! Regarde Jésus dans sa Face… Là tu verras comme il nous aime ».
Ami(e)s du Christ, nous croyons que Jésus vit en toute personne, surtout si elle n’est pas aimée.
C'est la mi-Carême ! C’est le printemps ! Pâques approche !
Consciente de sa faiblesse, elle ose croire jusqu’au bout : « On n’a jamais trop de confiance dans le Bon Dieu si puissant et si miséricordieux. On obtient de Lui autant qu’on en espère » !
Là est notre joie : «La Parole de Dieu n’est pas un fax descendu du ciel, mais une Parole Vivante, une Personne, le Christ … dont l’art est de faire exploser la lettre de la loi, pour engendrer de nouveaux chemins et faire éclater la vie ! » (Père Joël Pralong)
« En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus avait un si grand désir d’éveiller la foi dans son cœur, qu’il fit naître en elle l’amour même de Dieu ». (Liturgie du 3e dimanche de Carême)
« Il me semblait entendre Jésus me dire comme à la Samaritaine: "Donne-moi à boire !" … En disant "donne-moi à boire", c’était l’amour de sa pauvre créature que le Créateur de l’univers réclamait. Il avait soif d’amour »…