Carême 2016, 2ème dimanche, 21 février
En 1972, Maurice Zundel était appelé au Vatican par Paul 6 pour prêcher la retraite de Carême. Mystique, théologien, Maurice Zundel est un véritable prophète du 20eme siècle. Comme le disait l’abbé Pierre à son sujet : « Avec lui, on se trouvait en présence de Quelqu’un. Par sa personne même on accédait presque naturellement au mystère de Dieu. A l’absolu ». Nous vous invitons à suivre Maurice Zundel, pas à pas, jusqu’à Pâques en cette Année jubilaire de la Miséricorde…
La vraie grandeur par le vide intérieur
« Pour donner à l’homme toute sa taille et toute sa grandeur, il n’y a qu’un seul chemin : c’est que l’homme se vide de lui même, qu’il renonce à toute possession et soit délivré de toutes ses adhérences, c’est qu’il devienne un espace illimité de lumière et d’amour, qu’il soit capable conduire, revivre et achever tout l’Histoire en donnant à l’univers un nouveau départ.
Et ce n’est possible que dans ce vide intérieur et cette évacuation de soi qui est, en l’homme comme en Dieu, la condition de toute grandeur, de toute liberté, et de toute efficacité.
Toute notre existence est comprise dans cette alternative : je suis en moi ou je suis en Dieu. Il n’y a pas de milieu.
Le programme est simple mais la réalisation difficile, car on ne peut pas décréter une rencontre et fixer l’heure où l’amour jaillira. Il n’y a pas de chemin qui débouche infailliblement sur un échange d’intimités. Rien n’est plus libre, plus imprévu et plus gratuit.
Tout ce que l’on peut faire c’est d’écarter les obstacles qui rendent un tel échange impossible, et ils se résument tous dans le bruit qu’on fait avec soi même et autour de soi.
La seule chance de nous quitter est de neutraliser notre attention, de retirer paisiblement notre audience à toute cette mêlée confuse d’appétits et de revendications, d’éteindre le courant psychique qui alimente ce tumulte, dans un recueillement où se creuse toujours plus profondément le vide qui nous rend disponibles.
Quand le silence total s’établit, c’est que déjà s’annonce la Présence qui remplit l’espace engendré par le retrait du moi. »
Seigneur, l’absence est le lieu de Ta Présence. Apprends moi à ouvrir en moi de larges espaces pour t’y rencontrer. Donnes moi la grâce de devenir une cathédrale de silence où ta Parole pourra raisonner et me toucher…