Notre Communion Béthanie s’est retrouvée chez les frères franciscains de la Clarté-Dieu à Orsay pour sa traditionnelle retraite d’entrée en Avent. 43 frères, sœurs et ami(e)s ont participé à ce temps de retrouvailles et d’amitié fraternelle.
Jean-Michel notre Prieur - évoquant aussi les frères, sœurs et ami(e)s absent(e)s de corps mais présent(e)s d’esprit et de cœur - nous invitait en cette fête liturgique du Bienheureux Charles de Foucauld à entrer dans l’enfouissement de l’Avent et à « voir Dieu en tout être humain ».
Entrer dans le regard de Dieu et de son Christ, voilà bien ce que cette retraite nous a permis de (re)faire. Cette année, sœur Anne Lécu, dominicaine de la Présentation, qui exerce la médecine en prison, est venue nous dérouler un long fil qui traverse la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse.
L’Évangile de Jean (19, 23-24) nous rapporte que Jésus, en quittant les siens, leur a laissé sa tunique. Et le texte précise un détail inattendu et apparemment anodin : ce vêtement est tissé « d’une seule pièce, à partir du haut »… En tirant sur ce fil, nous voici entraînés à la recherche d’un secret : « À l’heure de sa mort, le Christ laisse à ceux qui sont là une tunique. Sa tunique. …Il nous la laisse. Elle est pour nous. Pour chacun. Car ce qu’il veut, c’est que nous soyons revêtus de sa vie, recouverts, abrités par lui » (Tu as couvert ma honte, Ed. du Cerf).
La joie
Dès les premiers versets de la Genèse, Dieu voit que « tout est très bon ». La Bible commence avec la Joie ! La Sagesse - le Verbe - s’écrie au commencement : « Avant les siècles, le Seigneur m’a faite pour lui, depuis toujours. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes » (Proverbes 8). Dieu éternellement jeune ne se lasse pas de sa création : il joue, il danse ! Et chacun de nous est son délice, sa joie !
Nous sommes créés à la ressemblance de notre Dieu, nous sommes le cadeau que le Père fait au Fils (Jean 10, 29). Voilà le lieu de notre innocence foncière que rien ne peut atteindre. Voilà notre vocation : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis… Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (Eph 1).
Voilà la bénédiction première, source du salut et cause de notre joie ! « Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie » (Dt 30, 19)
La honte
Le récit de la Genèse nous montre Adam et Eve après la faute, dénudés et honteux. Emberlificotés dans les faussetés d’un dialogue mensonger avec le serpent, ils s’entraccusent et se cachent. Dieu vient à leur recherche et finit par les recouvrir d’une tunique de peau.
Il y en aura des tuniques dans la Bible : en peau (celle d’Adam, celle qui recouvre la Tente dans le désert, celle d’Elie ou de Jean-Baptiste), précieuses (celle de Joseph, du grand prêtre, de Tamar, du fils prodigue, de Jésus). Il y a là un symbole de la Miséricorde qui - tels les fils de Noé - refuse de « voir la nudité » de l’être humain, ne juge pas et la recouvre.
Dieu ne veut pas que nous sombrions dans la honte qui nous empêche de vivre. Il a bien fallu qu’un animal meure pour qu’Adam et Eve soient recouverts d’une tunique… Le Christ, l’Agneau de Dieu, est venu pour nous revêtir de Lui-même et vivre ! Pour rejoindre l’être humain honteux, le Christ est descendu plus bas que lui : il s’est tenu du côté des coupables… Et avant de mourir, il a voulu se mettre à genoux devant les siens pour leur laver les pieds - mystère cher à notre Communion Béthanie ! Il rend alors grâces à son Père pour le don qu’Il lui a fait de ses amis et il veut leur rendre leur dignité, leur innocence.
Le jugement
« Qui regarde vers Lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage » (Ps33, 6).
Nous nous jugeons nous-mêmes. Nous sommes enclins à juger les autres. Dieu, lui, ne juge personne. Un jour, Jésus s’est abaissé vers la femme adultère et lui a apporté le salut, la vie : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus »… Les accusateurs de cette pauvre femme, en partant l’un après l’autre, se sont accusés en eux-mêmes et se sont privés d’entendre la parole qui sauve : « Moi non plus, je ne te condamne pas »…
Le salut
Et si le salut, c’était simplement de regarder vers Jésus en lui abandonnant notre pauvre vie, nos pauvres œuvres dont Lui seul sait ce qu’elles valent ? En nous reconnaissant vraiment pauvres et en essayant de vivre en conséquence ? En ne jugeant pas « la nudité » de nos frères et sœurs en humanité mais en cherchant à la recouvrir comme le fait le Sauveur ?...
Voilà le fil de cette retraite. C’est « un peu » du secret de la Révélation, du secret de Dieu… Voilà ce qui a animé nos temps de prière personnelle et en commun. Voilà ce qui a suscité des questions, des partages de vie, évoquant des expériences parfois bien douloureuses… Voilà ce qui a entraîné la danse du Magnificat lors la belle prière de conclusion !
Le dimanche de l’Avent, dans l’après-midi, il fallait se quitter pour aller en avant ! Vers la confiance audacieuse à laquelle Noël nous appelle ! Merci à Sœur Anne ! Merci à Jean-Michel ! Merci à tou(te)s !
« Le secret de Dieu, c’est sa Miséricorde… L’urgence du moment, si nous confessons le Christ, c’est de proclamer sa Miséricorde. Devant Lui, nous sommes innocents » (Tu as couvert ma honte, Ed. du Cerf, conclusion).
Sylvain, ami de la Communion Béthanie