L'Avent comme un temps pour réapprendre à vivre en présence du Seigneur.
Cette proposition féconde, inspirée des Évangiles, peut aussi bien donner le ton d’une récollection qu’exprimer un sentiment de paix retrouvée au terme d’une belle retraite. Aussi est-ce dans la joie et avec élan que les frères et sœurs de la Communion Béthanie, entourés de quelques-un(e)s de leurs ami(e)s, se réunissent chaque hiver en ce nouvel an liturgique. Ils savent en effet qu’ils seront nourris par la Parole et comblés par les retrouvailles.
Un premier enseignement, animé par sœur Michèle Jeunet, éveille l'intérêt des retraitants dès le samedi matin en (re)situant les femmes dans l'Eglise, tant par la place qu'elles occupent dans les textes que par les fonctions qu'elles assurent dans l'institution. En substance, il s'agit d'éclairer les Écritures par une lecture féministe et inclusive, illustrée à cette occasion par une exégèse du passage de La Samaritaine. Cette entrée en matière a permis une rencontre et un premier partage, suivis d'une méditation à la manière des exercices spirituels de St Ignace. L’après-midi s’organise ensuite autour d’une seconde intervention, celle d'Alice Chablis, venue parler d'un livre, intitulé Le Déni, dont elle est la co-auteure, et solliciter notre réflexion après avoir exposé son cheminement et son propos en termes clairs et précis. Il s’agit de témoigner des discriminations dont les femmes sont les victimes dans l'église, à l’aune d’une enquête approfondie et parfois sévère, mais toujours honnête et argumentée, à travers une Histoire de l’Eglise, notamment, qu’elle n’hésite pas à parcourir et à exploiter, pour étayer ses affirmations et mettre en lumière ses propositions. Les frères et sœurs, leurs ami(e)s aussi, ont été sensibles à une approche dialectique qui met en tension la question de la singularité et le principe du bien commun. De même, le droit canon et le magister ont été évoqués dans leurs liens parfois problématiques avec la liberté et le charisme des hommes d’église en exercice, au quotidien, dans leur(s) paroisse(s). Un échange contradictoire a suivi certaines des conclusions énoncées, faisant émerger des variables et des divergences toujours intéressantes, et si les convictions des uns et des autres ont tenu ferme, le ton ne s’est jamais départi de cet esprit de fraternité qui nous unit.
Au dîner, servi en abondance, avec toute la prodigalité et la bienveillance de nos hôtes, a succédé une célébration eucharistique animée par Michel-Pierre : la liturgie de la Parole fut tout particulièrement l’occasion d’insister sur le sens et la signification de l’Avent … à entendre comme le temps du désir, comme une mise en perspective stimulante qui, certes, ne nie pas nos manques et nos attentes, mais qui choisit plutôt de tendre toute l’assemblée des croyants vers la fête de la Nativité prochaine comme un moment de joie intense et d’espérance confiante qui ne doivent plus faire aucun doute ! Chacun(e) a alors compris qu’une place l’attendait parmi les veilleurs, dans l'église comme dans le monde, durant tout ce mois de décembre, … Chacun(e) a également compris que cette joie, nous la partagions déjà ce soir-là, priant et entourant notre sœur Anne-Marie qui prononçait et fêtait son entrée dans le Temps de Nazareth, à l'occasion d'un nouveau seuil, ô combien sérieux ! sur ce chemin offert par notre Seigneur au sein de la Communion Béthanie, l'engageant plus avant (Eh oui !) dans sa vocation de service … Si la célébration se veut simple, elle se donne aussi pour solennelle, grave et légère à la fois ! En effet, c’est parce qu’elle nous unit vraiment au Seigneur qu'elle noue plus solidement encore le lien fraternel qui nous rassemble.
Ce week-end, lumineusement chargé, est (trop) court mais intense. Il nous invite, chacun et chacune, à rendre grâce pour tous ces beaux visages, visages nouveaux … visages renouvelés ; il nous invite à recevoir chaque temps d'échange et de partage comme un don gratuit qui répare et enchante nos vies, non pas en nous berçant d'une illusion grisante, mais en nous plongeant au cœur et au sein du réel, vigilants mais confiants, avec Lui, dans le désir, toujours ... dans le déni, jamais !
À chacun et à chacune d'être veilleurs,
oui, veilleurs … mais veilleurs dans la joie !
De tout cœur,
Patrick, un frère de la Communion Béthanie
Le dimanche matin nous avons partagé en 3 groupes sur « Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. » Psaume 63.5.
Chaque groupe a préparé une prière que nous avons partagée avant de nous disperser :
Prière 1 :
Pour ces visages,
Comme des rivages,
Je te bénis.
Pour ces cœurs d’or,
Quand je m’endors,
Je te bénis.
Pour ces rencontres,
Sans fausse honte,
Je te bénis.
Pour cette confiance
Quand je me lance,
Je te bénis.
Pour l’émotion
Dans mon action,
Je te bénis.
Quand dire du bien,
Ca fait le lien,
Je te bénis.
Pour tout ce don
Dans le pardon
Je te bénis.
Quand je me tais,
Que tu te tais,
Je nous bénis.
Prière 2 :
Seigneur, toute ma vie, je veux te bénir.
Pour la vie que tu nous confies non dénuée de nuit.
A la grâce de la prière, nous cheminons et pouvons l’accepter.
Avec toi, j’ai envie de marcher avec plus de joie dans le cœur.
Avec toi, présent en chaque frère et sœur, je ne serai plus jamais seul.
Donne-nous envie d’avoir envie même les jours où tout n’est que vanité.
Je sais, aujourd’hui, que tu ne peux pas lâcher ma main.
Béni sois-tu, Seigneur.
Prière 3 :
Toute ma vie, je vais te bénir :
Pour le désir de la rencontre,
Pour nous accepter tel que nous sommes,
Pour retrouver la légèreté de l’enfant intérieur,
Pour considérer chaque jour comme un cadeau.
Tu es celui qui nous permet
De dénouer nos nœuds.
De nous dépouiller de certaines certitudes.
Aujourd’hui est un présent.
Veiller, c’est espérer.