Jésus, le seul chaste
Avant tout, levons ensemble une confusion.
Fréquemment, nous utilisons le mot chasteté pour exprimer la continence sexuelle.
Cette dernière est le fait de ne pas vivre de relations sexuelles, et ce, pour diverses raisons.
Dans la vie monastique..., ce fait devient un choix de vie en vue du Royaume de Dieu qui vient.
Ce choix est discerné et vécu, la plupart du temps, en dynamique communautaire.
La chasteté, quant à elle, est proposée à tous les ami-es de Jésus.
En effet, Jésus est le seul chaste.
Il récuse tout pouvoir qui n'est pas don de soi.
Il aime sans exploiter l'autre, sans le dominer, sans l'utiliser, sans vouloir le changer par une stratégie...
Il aime en offrant une tendre proximité et une juste distance.
"L'amour prend patience,
l'amour rend service,
l'amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas,
ne se gonfle pas d'orgueil...,
il ne cherche pas son intérêt...,
il fait confiance en tout,
il espère tout..."
1 Co 13, 4-7
La chasteté devient alors l'art d'aimer par Jésus, avec Jésus, en Jésus et je rajouterais volontiers comme Jésus.
Dans notre monde, en particulier dans le domaine de l'éducation, dans l'Eglise de ce temps, nous avons une soif ardente de chasteté, sans trop savoir parfois comment l'exprimer.
La chasteté vécue dans un parcours d'amour qui me permet de me trouver moi-même comme un don de Dieu et de découvrir, en chaque être, un reflet - souvent bien caché ! - de la splendeur divine.
Ce chemin escarpé nous propose de consentir à toujours commencer.
Rencontrer la chasteté dans une personne est un vrai appel d'air, un vrai souffle de bonté, de liberté, de vie.
Un regard, une posture, un corps chastes laissent transparaître le Souffle.
Pour clore ce message, je vous « offre » un visage amical, fraternel et chaste : celui de Frère Aloïs, prieur de la communauté œcuménique de Taizé.
Lorsque je le rencontre, pour la première fois, en 2005, il me dit avec un doux et large sourire :
« Je ne fais aucun effort pour vous accueillir dans mon cœur ».
Lorsque je le rencontre régulièrement pour dialoguer et pour lui demander des conseils, il me répond chastement : « On va chercher ensemble ».
En lui, jamais de posture suffisante, jamais d'attitude arrogante.
Aloïs est un corps offert à la communion, à la réconciliation et non à la compétition.
En le regardant, je pense souvent à cette parole de saint Jean XXIII adressée à Frère Roger de Taizé :
« Vous avez des yeux innocents ».
L'innocence subversive de Jésus, le seul chaste.
Jean-Michel+, frère prieur de la Communion Béthanie.