Aujourd'hui : « Je vous donne un cœur de chair » Ézéchiel 36, 26
Sur le ton de la confidence à une amie, à un ami :
Une douce soirée d'été, au bord du lac d'Annecy, en Haute-Savoie.
Avec Marie, une amie, je parle du développement de notre Communion Béthanie.
« Ne te regarde pas trop, regarde Jésus qui console, qui appelle à Béthanie » me dit-elle spontanément.
Cette parole amicale fait son chemin en moi. Véritable appel à la conversion.
« Il faut refaire l'homme du dedans. C’est ce que l'évangile appelle conversion, métanoïa » Paul VI
Ne pas trop se regarder, le regarder lui.
Ou plutôt se regarder à la lumière de son regard.
En parlant, lors de notre dernière retraite au carmel de la paix à Mazille, du monachisme intériorisé, je ne pensais pas qu'il creuserait, en moi, un tel sillon.
En effet, un moine, une moniale fait vœu de conversion. Il s'engage à la conversion, rien que pour aujourd'hui... Car Jésus appelle toujours plus loin à tous les instants.
Les événements que nous vivons en ce moment, dans notre monde, nous invitent à ne pas nous mentir à nous-mêmes.
Nous mentir à nous-mêmes nous éloigne de notre propre vérité et blesse le corps et l'âme.
Lorsque je me regarde, je vois en moi, mes dons, mes qualités, ma générosité, mes limites aussi, de la peur, de la colère, de la violence, une grande difficulté à aimer l'autre différent, de l'orgueil...
Là, dans la vérité de mon être, Jésus me regarde.
Là, dans la vérité, de mon être, je me laisse regarder, non par un regard de jugement, de condamnation mais par un regard d'exigeante miséricorde.
A la toute fin de mes vacances, je passais pour l'eucharistie dominicale, dans une abbaye.
Vers la porte de l'église, un cahier où l'on pouvait s'exprimer...
Je me sens pousser à écrire : « Jésus, merci de me sauver. Tu es mon unique Sauveur »
Oui, merci de sauver en moi mes dons, mes qualités, ma générosité, mon humilité...
Qu'ils fleurissent là où je vis, je travaille, j'essaye d'aimer ! Rien que pour aujourd'hui.
Oui, merci de me sauver de la peur, de la colère, de la violence, de mon orgueil...
« Désarme-moi, désarme-nous, désarme les » frère Christian de Tibhirine
Je ne veux pas sombrer dans un quelconque repli identitaire fut-il « chrétien » !
Je ne veux pas me radicaliser. Cela ne guette pas que les autres !
Je souhaite vivre le radicalisme, c'est-à-dire la racine de l'Évangile.
Le Dieu de l'Évangile à qui j'offre ma foi est un Dieu désarmé qui invite à se désarmer pour pouvoir désarmer l'autre...
Je désire vivre en sauvé.
Vulnérable, fragile à l'extrême, je serai plus libre et plus crédible dans mon vœu d'aimer.
Au seuil de cette rentrée scolaire, pastorale..., au seuil de cette nouvelle étape, j'entendrai, avec mes sœurs, frères, ami(es) en Communion Béthanie :
« Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » Ézéchiel 36, 26
Encore un fécond souvenir de cet été :
Ce matin-là, je priais avec des religieuses amies, les sœurs de la croix de Chavanod.
Sœur Monica nous offre cette prière de contemplation :
Seigneur, tu m'as toujours donné le pain du lendemain, et bien que je sois pauvre, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu m'as toujours tracé la route du lendemain, et bien qu'elle soit cachée, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu m'as toujours donnée la paix du lendemain, et malgré mon angoisse, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu m'as toujours donné la force du lendemain, et bien que je sois faible, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu m'as toujours donné la lumière du lendemain, et malgré mes ténèbres, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu m'as toujours parlé quand j'étais dans le doute, et malgré ton silence, aujourd'hui, je crois.
Seigneur, tu es ma vie, tu es ma joie éternelle, jusque dans la mort, pour toujours, je crois.
Bonne route... Aujourd'hui, si tu le veux, accueille un cœur de chair, un cœur vulnérable, un cœur qui fait vœu d'aimer.
Ton frère, Jean-Michel+ prieur de la Communion Béthanie