Notre Communion Béthanie s’est retrouvée, cette année encore, à la Communauté de la Roche d’Or pour sa retraite d’été - cette fois-ci non plus à Besançon mais près de Perpignan, aux Fontanilles. « Monachisme intérieur et cohérence » était le thème de ces journées spirituelles et fraternelles qui rassemblaient 41 retraitant-e-s.
Accueillir l’enfant…
Le Père Florin, fondateur de la Roche d’Or, disait que les Fontanilles ont un air de Terre Sainte ! Le paysage, le soleil, la végétation, la délicatesse de la communauté sont invitation au voyage intérieur pour « se laisser faire » et entrer en retraite… Dès les premiers instants de la veillée du samedi soir, le ton est donné par Jean-Michel, notre Prieur : nous sommes ici pour respirer, laisser vivre en soi l’enfant… Jésus s’est fait tout petit enfant, et il nous dit : « Laisse-moi enfin t’aimer… Laisse-moi aimer ton corps, ton esprit, ton âme… Désarme-toi… ». Cette vulnérabilité consentie - la fragilité assumée et transfigurée - nous sera rappelée à chaque moment de prière à la chapelle où, en ce soir d’été, la crèche de l’Enfant est faite avec les brindilles de paille que chacun et chacune vient y déposer. Ce soir, c’est Noël, bonne Nouvelle !...
Aimer…
Ce dimanche 22 juillet est la fête de sainte Marie-Madeleine, tant aimée en Communion Béthanie ! Christine nous parle de la charité - cœur de la foi chrétienne mais un mot aussi tellement galvaudé ! A partir de son expérience personnelle, puisant dans le judaïsme, l’Islam et le bouddhisme, puis dans la Tradition chrétienne, évoquant aussi l’art, elle nous invite à scruter les différents sens du mot « charité » pour aller jusqu’en sa signification profonde qui a ses racines dans la révélation de Dieu-Amour - Caritas. La charité est de Dieu et elle suscite une conversion toujours à renouveler pour rompre le cercle vicieux de la violence en nous : un appel incessant à « essayer d’aimer »… Car « si nul n’est obligé d’être ami, nul n’est dispensé d’être frère » - ce qui, en Communion Béthanie nous engage les uns avec les autres, et pour tous. Pour ne pas vivre « une foi cosmétique », selon le mot du pape François. Aujourd’hui une foule immense attend qu’on lui annonce le Christ Vivant et source de Vie - et particulièrement de très nombreux jeunes « LGBT+ » : serons-nous son visage, sa présence au cœur de ce monde ? « On ne donne Dieu que par rayonnement » disait Marthe Robin !
Aimer en acte et en vérité… Dans notre vie, où est-ce facile ou difficile ? En quoi la charité construit l’autre et la communauté ? En petits groupes, durant l’après-midi, nous échangeons sur ces questions. Le fruit de cette réflexion est offerte au Seigneur dans les intentions de prière des Vêpres qui ouvrent l’Eucharistie dominicale. Nous pensons particulièrement à Christine qui doit quitter demain les Fontanilles pour se rendre au chevet de sa maman accidentée. L’amour en acte…
Le silence…
Lundi, Manuel et Brigitte nous parlent du silence - ce qui peut paraître antinomique mais est pourtant parfois nécessaire ! Manuel nous invite à une promenade biblique avec de grands silencieux qui sont surtout de grands écoutants … Marie de Béthanie, Abraham, Elie, Job. On retiendra particulièrement que « le silence est aussi l’obstination de celui/celle qui a trouvé sa juste place, telle Marie de Béthanie aux pieds de Jésus ».
Brigitte nous murmure que le silence, c’est « s’effacer pour laisser être la présence »… A travers l’Écriture, nous écoutons différentes manières d’être du silence, sans oublier qu’il peut y avoir un silence mortifère… Pour « laisser être la présence », un juste discernement est donc toujours nécessaire : pour « laisser la place » à l’autre, à soi, à l’Autre.
Durant l’après-midi, à la chapelle, Loan nous aide à entrer dans cette écoute silencieuse qui commence par l’écoute de soi. Et nous voilà en exercices pour apprendre à écouter son corps ! Découverte pour les uns, approfondissement pour d’autres… L’échange qui suit manifeste combien cet exercice est bon ! « Laisser être la présence », pour soi, pour les autres, pour l’Autre…
A la veillée du soir, dans la joie, se renouvelle l’émouvante cérémonie du lavement des pieds pour le dixième anniversaire du vœu de charité de Brigitte. A genoux devant les siens, le Seigneur Jésus s’est mis à notre portée pour que nous puissions nous laisser regarder - et le regarder… Ce soir, Jean-Michel nous offre à chacune et chacun le cadeau du geste de l’onction des pieds - comme Marie à Béthanie - en signe de la présence du Christ en chacune et chacun.
Monachisme intérieur…
« La Communion Béthanie désire être une communion d'alliance contemplative, dans le rayonnement de sainte Marie-Madeleine attestant le regard bienveillant et inconditionnel de Dieu sur toute femme et tout homme, particulièrement les personnes homosensibles et transgenres ». Elle désire vivre et offre un monachisme intériorisé. En ce mardi, Jean-Michel nous parle des fondamentaux que sont, en Communion Béthanie, la pudeur, la discrétion, et les conseils évangéliques.
Loin d’un discours moralisateur, il nous invite à regarder Jésus, LE pudique, LE discret, LE pauvre, LE chaste, L’obéissant… S’inspirant du pasteur ermite Daniel Bourget il commente l’attitude de Jésus avec la femme accusée d’adultère : avec quelle discrétion, il relève cette femme aimée pour elle-même, en vérité… Si seulement ceux qui la condamnaient étaient restés, ils auraient aussi entendu, et pour eux-mêmes : « Va, je ne te condamne pas » ! Nous devons prier jusqu’à en être fatigués pour croire enfin que Dieu nous aime… Car sur ce chemin de l’unité intérieure que nous cherchons - de là le monachisme intériorisé ! - il nous faut consentir à toujours recommencer. Baptisés, nous sommes plongés dans le Mystère du Christ, de sa Mort et de sa Résurrection : vivre notre baptême, c’est regarder Jésus pour sans cesse réorienter sa vie, à partir de Lui et en Église… En définitive, comme nous le rappelait hier Manuel, à l’école de Jean de la Croix, il faut écouter Jésus : « Le Père a dit une parole qui est son Fils ; Et il la dit toujours dans un éternel silence ; Et c'est dans ce silence que l'âme l'entend ».
Dans l’après-midi, des réunions en petits groupes manifestent et organisent la vie de la Communion Béthanie. Un échange - trop court ! - avec la communauté de la Roche d’Or est particulièrement apprécié : l’histoire de la fondation, le charisme de la communauté…
Le soir la traditionnelle veillée festive nous rassemble avec la communauté pour chanter et partager ce qui a été vécu en ces jours intenses… De festive, elle devient un temps de prière, en action de grâces, les uns pour les autres, les uns avec les autres… Une action de grâces qui se continue, mercredi matin, dans l’Eucharistie. Ces jours de retraite sont offerts au Seigneur, avec une longue prière de bénédiction - un appel suppliant et bénissant aux quatre coins cardinaux, vers le monde entier, et particulièrement vers les personnes homosensibles isolées et persécutées.
Il est venu le moment de se séparer. Mais les cœurs sont unis. Les Fontanilles signifient les petites fontaines… Auprès de Jésus, la source rejaillit sans cesse… Et le mot de Florin, fondateur de la Roche d’Or, résonne : « Continuez ! Continuez ! Tout est en avant » !
Sylvain, ami de la Communion Béthanie