Lettre ouverte au pape François
Père bien-aimé François,
En mon nom personnel et au nom de notre Communion Béthanie, je me permets de venir vers vous.
Souvent, vous nous demandez de prier pour vous.
Votre ministère doit être si complexe, si subtil.
Soyez certain que je prie pour vous, que nous prions pour vous et pour tous nos pasteurs.
Dans cette complexité, qui est sans doute votre quotidien, merci de garder votre sourire, de mettre toujours le curseur vers la bonté, vers la miséricorde, vers l'audace évangélique.
Je ne reviendrai pas sur la « théorie du genre »... Je n'ai aucune compétence dans ce domaine.
Je regrette que ce sujet que vous avez abordé le dimanche 2 octobre au soir est, en partie, occulté vos « paroles révolutionnaires » concernant les personnes homosexuelles et les personnes transgenres.
Vous dites :
« Avant tout, moi j'ai accompagné dans ma vie de prêtre, d'évêque - aussi de pape - j'ai accompagné des personnes avec une tendance et aussi des pratiques homosexuelles. Je les ai accompagnées, je les ai rapprochées du Seigneur, certains ne pouvaient pas, mais je les ai accompagnées et jamais je n'ai abandonné personne. C'est ce que j'ai fait. Les personnes doivent être accompagnées comme les accompagne Jésus. Quand une personne qui est dans cette condition arrive devant Jésus, Jésus ne lui dira certainement pas : « Va-t’en parce que tu es homosexuel ! » Non. »
Ensuite vous parlez de votre accueil au Vatican d'une personne transgenre avec son mari :
« La vie est la vie, et les choses doivent se prendre comme elles viennent. Le péché est le péché. Les tendances ou les déséquilibres hormonaux créent tant de problèmes... Mais chaque cas, l'accueillir, l'accompagner, l'étudier, discerner et l'intégrer. Cela, c'est ce que ferait Jésus aujourd'hui... Toujours avec la Miséricorde de Dieu, avec la vérité..., toujours comme ça, toujours avec le cœur ouvert. »
Depuis plusieurs années, ces paroles, je les entends dans le secret des « bureaux épiscopaux » ! Que de belles, authentiques, priantes rencontres avec nos évêques, avec des responsables de l'Eglise !
Mais vous, Père, vous opérez une révolution ! Vous dites très haut, très clairement ce que beaucoup n'ont jamais osés exprimer en public.
Ainsi vous nous permettez de respirer à nouveau, vous ouvrez des chemins possibles. Pas des chemins idylliques, mais la « vraie vie » !! La vie dans sa complexité, la vie qui est si souvent un chemin bien ardu... loin des théories, loin des idéologies, tout proche du vécu des personnes, tout proche du vécu des personnes transgenres et homosensibles.
Pour cela, pour votre communication verbale et encore plus, pour votre communication non verbale, le fils de l'Eglise que j'essaye d'être, vous dit : MERCI.
Mon ministère, mon service d'écoute, au sein de notre Communion Béthanie est encouragé et confirmé par votre personne. N'est-ce pas le ministère de Pierre de confirmer ses frères et sœurs dans la foi, dans la vie avec Jésus le Christ?
Si je devais trouver des lignes qui expriment ce service d'écoute, je citerais sans hésitation T. Châtel in « Accompagnement éthique de la personne en grande vulnérabilité » :
« À ce niveau de profondeur, à ce niveau de lâcher-prise, l'accompagnement devient une authentique affaire d'amitié, de philia, reposant sur une relation pleinement fraternelle...
Et c'est l'autre qui, accablé par sa vulnérabilité, nous invite à le rejoindre à ce niveau plus profond de l'expérience humaine. Le soulagement de la souffrance vient alors de l'apaisement que procure le sentiment d'être ainsi rejoint dans son désarroi, son dénuement et d'y être reconnu et rencontré. »
Dans une respectueuse proximité, Père bien-aimé François, je vous exprime ma réelle et tendre gratitude.
Merci de prier avec nous et pour nous...
Votre frère Jean-Michel+, prieur de la Communion Béthanie