Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Message du frère prieur pour la nativité de saint Jean le Baptiste, le 24 juin 2018

    En la fête de la Nativité de saint Jean le Baptiste 2018,

    Jésus vient nous déranger

    2018-06-24-Grand-Inquisiteur.jpgJe viens de relire avec plaisir le « Grand Inquisiteur » de Dostoïevski.
    En ce temps où l'Inquisition allumait des brasiers innombrables pour éteindre l'hérésie, le Christ revient.
    Non pas pour clôturer les temps, il revient humble parmi les humbles, et tous le reconnaissent.
    Quand il parvient sur la grande place de la cathédrale de Séville en Espagne, aussitôt l'Inquisiteur (vieillard voûté et gris, face au visage de lumière) le repère et fait procéder à son arrestation dans un silence général.
    Le Christ est conduit dans les prisons du Saint-Office, et, la nuit tombée, le vieil Inquisiteur lui adresse un discours qui constitue, par sa pensée politique, une provocation sidérante.
    Il l'accuse d'être venu « déranger », troubler un ordre, une tranquillité, une sécurité que l'Eglise s'était efforcée d'instaurer, de restaurer même dans les cœurs.
    Le Christ reste muet, jusqu'au bout, parce qu'il y a un silence grondant à opposer à ceux qui parlent au nom de Dieu, et qui prennent le pouvoir au nom de leur impuissance.

    Le Christ-Jésus nous dérange, nous déplace.
    Il nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière cf. 1 Pierre 2, 9

    Cette année pastorale qui s'achève aura été pour moi, l'année des déplacements intérieurs.
    Après notre retraite de l'été dernier à la Communauté de La Roche d'Or qui avait pour thème « Les surprises de l'Esprit-Saint », j'ai été embarqué, comme malgré moi, dans des espaces, des passages.
    Je souhaite ici, vous partager quelques-uns de « ces dérangements » ...

    Suis-je davantage dans son admirable lumière aujourd'hui ?
    Suis-je un peu plus éloigné de mes ténèbres ?
    Je ne sais pas.
    A Jésus de juger.
    Ce qui est certain sur cette route de la conversion, c'est qu'il nous faut consentir à toujours commencer et à prier intensément les uns pour les autres.

    2018-06-24-Calendrier.jpg- En janvier dernier, quelques jours après avoir été fragilisé par une intervention chirurgicale (rien de grave !), me voici invité par les jeunes du Refuge pour un Facebook Live, sur le thème : homosexualité et religion.
    Calé dans mon fauteuil, je vais vivre une rencontre limpide avec des jeunes homos et trans, juifs, chrétiens, musulmans…
    Je garde en mémoire cette réaction d'un jeune musulman : « Comment être violent à partir de nos textes ? Nos textes sont si fragiles. Le Coran est si fragile »
    La fragilité de la Parole… Comme un souffle fragile...
    A méditer…

    - Début février, je rencontrais Monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris.
    Dans les mois précédents et ceux qui suivirent, il m'a été donné de rencontrer la Pasteure Emmanuelle Seyboldt, présidente du conseil national de l'Eglise protestante unie de France, le Pasteur Antoine Nouis, écrivain et journaliste, Monseigneur Michel Santier, évêque de Créteil, le Cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, Monseigneur Jacques Blaquart, évêque d'Orléans, Monseigneur Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier.
    A quoi bon toutes ces rencontres avec des responsables d'Église ?
    A quoi bon ce temps consacré à ce que certains pourrait juger comme de la diplomatie ecclésiale ?
    Je crois à la gratuité de la rencontre, une rencontre sans enjeu. Une rencontre où l'écoute, la parole jouent la partition d'une fraternité en actes.
    Réenchanter la rencontre…
    « En Eglise, personne n'est obligé d'être ami, mais nul n'est dispensé d'être frère » Cardinal Louis-Marie Billé
    A méditer…

    - Du 26 au 28 février, j'ai été invité par le groupe Pêcheurs d'hommes de David et Jonathan.
    Ce groupe est composé de prêtres, pasteurs, religieux homosexuels.
    Convié à participer à leur retraite, à « l'animer » d'une certaine manière, je ne suis pas sorti « indemne » de cette expérience !
    Très touché par l'accueil des religieuses du Cénacle de Versailles, accueil discret, délicat, bienveillant.
    C'est si beau une communauté qui vit à la fréquence de l'Evangile.
    On y respire à pleins poumons, sans masque. Tant il est vrai que l'on a du mal à respirer derrière un masque !
    Très touché aussi par les échanges authentiques, décapants de ces prêtres entre eux.
    Plus d'une fois, j'ai été déplacé dans ma carte de croyance, j'ai été amené plus loin...
    Ceux qui ont quittés le ministère depuis plusieurs années comme ceux qui sont en plein ministère ont témoignés de « leur être prêtre ». C'était juste bouleversant.
    Souvent durant ces heures me revenait au cœur ce verset de la Parole : « Les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur » 1 Samuel 16,7.
    A méditer...
    Jésus me dérange : béni soit-il !
    « Qui a connu la pensée du Seigneur ? » Romains 11,34.

    L'Eglise me dérange : bénie soit-elle !
    « L'Eglise catholique est faite de cercles concentriques toujours plus grands » Jean XXIII à Frère Roger de Taizé lors de leur dernière rencontre.

    2018-06-21-Jean-Michel.jpgEt si ma vocation était de déranger, un peu, beaucoup.. ?!
    Et si l'appel de notre Communion Béthanie était de déranger, un peu, beaucoup... ?!
    Mon ministère d'adjoint en pastorale scolaire dans l'Enseignement Catholique, mon ministère de prieur de notre famille spirituel me donne de rencontrer un grand nombre de visages.
    Nous désirons vivre un monachisme intérieur. Un chemin très simple, très pauvre qui peut se résumer par cette phrase extraite de notre prière :
    « Que notre vie contemplative révèle à toute personne sa beauté !
    Tout être est beau puisqu'il vient du désir de Dieu »

    Jean-Michel+, votre frère
    prieur de la Communion Béthanie