Retraite de la Communion Béthanie au carmel de Mazille, du 4 au 7 juillet 2013
Le sentiment partagé est unanime : cette retraite de la Communion Béthanie a marqué les cœurs et frappé les esprits, ce que les coteaux du Beaujolais, tout proches, même baignés de soleil en ce début d'été, ne sauraient à eux seuls expliquer. Le mouvement d'ensemble prend racine dans la joie intense de nous retrouver comme d'accueillir de nouveaux visages, un désir qui a été particulièrement comblé cette saison-ci tant nous étions nombreux et unis ! Il a trouvé son impulsion dans une parole de réconfort et une proposition de consolation, invitant chaque participant à creuser la petite source qui irriguera chacun et chacune … pour l'apaiser, certes, mais aussi le bousculer, pour le guérir, oui, mais aussi le déplacer … de ce premier mouvement naît donc un commencement puis un autre … ainsi sommes-nous allés de commencement en commencement durant ces quatre jours, portés et nourris par la Parole de notre Seigneur et l'enthousiasme de tous !
Le vendredi matin a véritablement ouvert ce temps de la retraite, d'emblée riche d'impressions agréables et de signes forts. En effet, le chant des oiseaux a séduit tout le monde dès le réveil tandis qu'un soleil, encore au début de sa course, éclairait les près d'herbes vertes de sa lumière diaphane. Nous nous sommes réunis autour de Michel-Pierre pour une étude consacrée à Joseph et à l'impact de Nazareth dans l’Évangile, un moment de réflexion puis d'échange permettant à chacun de puiser dans le torrent de cette Parole remuante la force de relire les événements de son existence afin de travailler le consentement, celui que nous accordons à Dieu comme à notre vie … d'y travailler, mais aussi de le formuler et de le prier, de le renouveler et de s'en réjouir. En route sur ce chemin escarpé mais prometteur de la Parole comme véritable source, les sœurs … toutes les sœurs … du carmel de Mazille nous ont offert le visage de la fraternité sans réserve … accommodant la retraite de leur service chaleureux, certes, mais l'accompagnant surtout de leur présence lumineuse, à l'écoute et dans le partage, nous unissant à l'église par leur sincère dévouement. Quelle grâce avons-nous reçue, durant quatre jours, de recevoir le Seigneur par de si beaux visages! Quelle grâce avons-nous reçue, à l'occasion d'une rencontre avec sœur Marie-Agnès et une partie de la communauté, d'exprimer en toute simplicité la place de la prière dans nos vies : celle du carmel d'une part, fixée par la règle dans le cadre d'une vie communautaire ; celle de la communion Béthanie d'autre part, fixée par une union fraternelle en Vérité, dans un charisme de charité et de discrétion !
Cet accueil inconditionnel, doux et profondément humain, nous y avons tous été sensibles ! Nous l'avons d'ailleurs manifesté spontanément auprès de frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé, qui nous a fait l'honneur et l'immense joie d'une visite le samedi après-midi. Réunis autour de lui – ensemble avec lui – la parole de chacun a pu trouver sa juste note lorsque nous avons évoqué le tumulte médiatique de l'année écoulée et ses résonances douloureuses. Dans le respect mutuel, dignement, les avis se sont succédé, loin de toute prétention à l'exhaustivité ou à la compétition argumentative ; chacun contribuant à l'harmonie de l'ensemble, de sorte qu'un réel apaisement s'est dégagé de cet exercice d'expression libre, là où auraient pu surgir des dissensions paralysantes ou des désaccords patents. La grâce de notre Seigneur participe, là aussi, à ce bel équilibre entre la liberté de chacun et la cohérence de l'ensemble, une union qui reste un abreuvoir et un refuge pour les museaux que nous sommes ! Le soir, c'est donc le cœur léger que nous avons célébré, avec toutes les carmélites, le vœu de charité de notre sœur Marie-Agnès, et que nous avons vécu, à cette occasion, un des temps forts de cette retraite. En effet, l'engagement de l'un(e) d'entre nous est toujours une fête car c'est la bonne santé féconde de la Communion Béthanie qui s'enracine et s'approfondit au cœur de nos vies pour nous (re)mettre en marche et donner du fruit. Du reste, une bonne nouvelle ne venant jamais seule, l'Eucharistie du lendemain a également célébré l'accueil de notre sœur Loan, une volonté ainsi exprimée au sein du carmel de Mazille d'accomplir sa compromission à nos côtés par une célébration d'accueil rendue publique, honorée de surcroît d'une proposition adressée sans détour à notre prieur Jean-Michel, l'invitant à éclairer l'assemblée, en quelques mots rapides mais explicites, sur la vocation de la Communion Béthanie et sa mission de passerelle auprès des personnes homo-sensibles et trans-identitaires désireuses de mener une vie avec le Christ et en lien avec l'église. L'assemblée des fidèles a reçu ce message de profonde humanité avec attention et intérêt, avec émotion même, ce que les sourires bienveillants et les paroles de soutien ont confirmé à la sortie de la messe.
La retraite s'est ainsi achevée en début d'après-midi, dans le joie et la bonne humeur des cœurs (mais aussi des ventres ! ) bien nourris, dispersant les uns et les autres vers de multiples destinations à travers la France … et la Suisse ! Le sentiment d'un partage unifiant et vivifiant domine et comble dès à présent nos cœurs de réconfort et de consolation, confiants que nous sommes dans la promesse des futures moissons comme dans l'assurance affermie de n'être plus jamais seul(e)s … non par le jeu d'une quelconque forme d'illusionnisme trompeur, mais par la grâce d'une foi que nous recevons chaque jour par notre prière, que nous fortifions dans nos retraites puis dans nos coeurs, et à laquelle nous consentons par un discernement inspiré et un élan fraternel sans cesse renouvelés.
A chacun et à chacune, un bel été !
De tout cœur,
Patrick, un frère de la Communion Béthanie