Les pépites de notre retraite chez les sœurs du Cénacle à Versailles les 27-28 novembre 2016
Une maison chaleureuse, un parc aux couleurs flamboyantes, pour la retraite d’automne de la Communion Béthanie, nous avons une nouvelle fois eu la joie d’être accueillis à Versailles chez les sœurs du Cénacle.
Nous étions une cinquantaine de retraitants, frères et sœurs et amis de la Communion venant de toute la France et de la Suisse.
« Incarner la miséricorde »
Pour cette édition 2016, Véronique Margron, dominicaine et théologienne, est venue nous offrir des paroles fortes sur le thème de la miséricorde. Une belle manière de prolonger l’élan initié par le pape François durant l’année jubilaire.
« Mon Dieu ma miséricorde ! Que vont devenir les pécheurs ? ».
Évoquant les mots de Saint Dominique, notre sœur Véronique a développé une stimulante réflexion sur le sens même du mot « miséricorde » chez le fondateur de l’ordre des dominicains. L’invocation en forme de cri de St Dominique remonte des entrailles bouleversées de celui qui voit la misère de l’autre. Cette façon d’ « avoir la misère à cœur » ne se réduit pas à de l’émotionnel. L’élan miséricordieux devra se traduire dans un agir. « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mathieu 25, 45). Mais attention, pour Dominique l’agir miséricordieux ne se réduit pas au FAIRE, à une liste de « bonnes œuvres » à exécuter par devoir. Cet agir est avant tout une manière d’ETRE au monde. Cette qualité de présence à moi-même, à Dieu et aux autres devient force de transformation. Recevoir de Jésus Christ sa façon d’être au monde fait de moi un co-créateur de miséricorde que mon corps de chair et d’Esprit pourra discrètement mais sûrement diffuser…
La miséricorde est « puissance du minuscule »
« Qu’est-ce que je peux y faire ? »
Nous faisons tous l’expérience amère de nous retrouver impuissants face au trafic du monde. Sœur Véronique nous invite à recevoir la miséricorde comme une force, mais comme une puissance qui se déploiera dans l’humble ordinaire de notre quotidien. C’est la force du geste, du regard, de la parole, le minuscule qui porte fruit, comme la graine dans la terre. Il n’y a rien de dérisoire dans cet ordinaire puisque Jésus Christ, lui-même, l’a épousé.
7 manières de dire la miséricorde
Poussant encore plus profond sa réflexion, Véronique Margron nous a invité à ré- entendre les paroles que Jésus prononce sur la Croix. Ce passage de la passion illustre bien comment le Christ, recevant la miséricorde de son Père, la redonne à la multitude des hommes, jusqu’à l’extrême de sa vie. Les 7 paroles du Christ en Croix commentées par Véronique sont de véritables « pépites spirituelles ». Ne pouvant tout restituer, en voici trois illustrations :
« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc, 23.34)
Alors que Jésus fait face à ses bourreaux, il remet à un autre, son Père, la question du pardon. Ce qui nous paraît souvent impossible, pardonner, est laissé à Dieu. Comme le dit sœur Véronique « A nous l’art du possible, à Dieu l’art de l’impossible ». Jésus, en adressant son « Pardonnes leur » rejoint toutes nos impossibilités de pardonner. Cette parole est aussi éminemment créatrice de miséricorde car elle ouvre un avenir aux bourreaux.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15.34)
Dans ce cri du Fils, il y a tous nos cris quand nous vivons la désolation, l’effondrement, la douleur abyssale. Jésus, vivant totalement la condition humaine vient habiter notre désolation. « Il ne nous sauve pas DU malheur. Il nous sauve DANS le malheur, y habitant avec nous. » Prends ton grabat-désolation et marches ! C’est encore la force créatrice de la miséricorde.
« J’ai soif ! » (Jean 19.28)
Jésus, celui qui est l’eau vive, a soif ! Et Il ne peut étancher sa soif lui-même, lui qui est l’eau vive des autres ! Lui, la miséricorde faite chair, nous implore car il n’est pas Dieu sans nous. Cette parole de Jésus fait de nous des co-acteurs de la miséricorde.
Durant ce weekend, au cœur de l’eucharistie du premier dimanche de l’Avent, nous avons eu la joie de célébrer l’accueil en Communion Béthanie de notre frère M. Nous avons aussi accompagné notre frère B. dans son entrée dans le temps de Nazareth.
En toute fraternité,
Votre sœur Béatrice.