En raison de l'actualité, des fêtes de l'Assomption, les sœurs et les frères de la Communion Béthanie vous proposent cette prière du 15 août.

«Je ne sais rien de plus simple ni de plus profond que cette contemplation qui, du matin au soir, découvre une présence divine au cœur des choses. Je ne connais pas de musique plus merveilleuse que ce chant qui jaillit des âmes dès qu'on s'agenouille devant leur mystère. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir une plus haute source de poésie qu'un univers à l'œuvre avec son Créateur, pour susciter en nous une vie divine.» Père Maurice Zundel.

La mission première des membres de notre Communion Béthanie est la prière, pour tous et en tout lieu. D’une façon toute particulière, nous présentons à Dieu les personnes homosensibles et transgenres du monde entier, de tous horizons, de toute culture et de toute religion, ainsi que leurs proches.

Nous ne sommes pas des «spécialistes de la prière», mais des chercheurs, des femmes et des hommes en chemin. Nous restons persuadés cependant que l’on atteint chez les autres la profondeur où l’on se tient soi-même, et que c’est donc par la prière d’abord que nous pouvons nous relier les unes et les uns aux autres de façon juste.


Frère Jean-Michel+,
prieur de la Communion Béthanie.
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Je viens Seigneur, simplement, te dire MERCI
pour les merveilles contemplées,
chez les sœurs et frères de mon peuple côtoyés chaque jour.

Aux yeux de certains, ils ne pèsent pourtant pas lourd,
condamnés à demeurer dans l’ombre et le silence,
loin de leurs familles, de leurs Églises, de leurs communautés

Tu dois le savoir, Seigneur : aujourd’hui tout est affaire de poids et de mesure.
Dès la naissance, les kilos du bébé apparaissent comme le gage de sa bonne santé.
Puis on charge l’adolescent d’obtenir des diplômes pour avoir un bagage.
C’est ensuite le poids de la situation sociale et de la notoriété…
Que ne fait-on pas pour peser dans les discussions,
élargissant ainsi ses réseaux d’influence ?

La conscience elle aussi a son poids de morale bien tassée par les siècles
qui soupèse et mesure les paroles et les actes.
Dans le même temps, les corps, eux, pour être acceptés,
doivent considérablement s’affiner et s’alléger selon des standards bien définis.

Mais je découvre ce matin Seigneur, et t’en rends grâce,
que le vrai poids des êtres et leur consistance,
c’est toi qui le leur donne, c’est toi seul qui le connais.
Et j’admire en silence le poids véritable - chair de toutes les heures,
que tu donnes aux âmes de ce peuple qui est le tien :

Le poids des mots salissants qu’on n’a finalement pas dit,
Le poids de cette bassesse à laquelle on a renoncé,
Le poids de la jalousie et du mensonge contre lesquels on lutte désespérément,
Le poids de sa propre image que l’on voudrait différente mais que l’on accepte peu à peu,
Le poids de sa différence contre laquelle on lutte puis à laquelle on consent,
Le poids des efforts cachés pour devenir un peu meilleur

Le poids des regards blessants qu’on fait semblant d’ignorer
Le poids des jugements hâtifs et des discours tout faits dans lesquels on cherche encore la vie,
Le poids de l’abandon et de la répudiation meurtrissant l’intime mais
faisant croître le besoin d’aimer,
Le poids de la violence infligée par les siens et que l’on pardonne tout de même,

Le poids de tous les rejets auxquels on voudrait, malgré tout, trouver des excuses,
Le poids du courage pour se mettre au monde chaque matin,
Le poids de la fidélité à sa grâce intérieure qui donne sa note juste, juste sa note,
Le poids du temps donné à cet inconnu qui avait besoin d’humanité,
Le poids de la prière confiante qui porte le monde et nous fait tout accueil,
Le poids de l’humble persévérance à servir la vie,
Le poids du plaisir offert et reçu,
Le poids de l’amour…

Le poids de ce peuple que tu aimes et que seul tu jauges,
c’est aussi celui « des homos, des bis et des trans » comme ils disent,
celui de tes autres enfants, tout simplement.

… Le poids de Ta gloire dans nos vies à jamais…

Un frère de la Communion Béthanie